Communiqué d’Alain Avello, président du Collectif Racine, conseiller régional des Pays de La Loire
Réformer l’orthographe en la simplifiant, sous prétexte de « démocratiser » l’accès à la langue, voilà l’expression, sous sa forme la plus pure, de l’égalitarisme que nous avons à bon droit et si fréquemment fustigé, tant il est la négation même de l’égalité républicaine. Voilà qui est emblématique du contresens majeur ayant conduit l’Ecole à accentuer les inégalités, alors qu’elle devrait les combler ou, à défaut, les atténuer.
C’est pourtant une telle réforme orthographique, approuvée par l’Académie française en 1990 et restée jusque-là lettre morte, que le ministère de l’Education vient d’exhumer et se prépare à appliquer dès la rentrée prochaine. Les auteurs de manuels scolaires sont d’ores et déjà à la tâche, et leurs prochaines publications arboreront le label « nouvelle orthographe » pour mieux sonner le glas, avec le concours des enseignants, de bien des circonflexes, et de pas moins de 2 400 mots d’usage courant.
Faudra-t-il qu’après 40 ans de méthodes plus ou moins globales, l’abandon total ou partiel de l’enseignement de la grammaire, le recul de celui de nos grandes œuvres littéraires, on exile un peu plus les jeunes Français hors de leur propre langue ? Et qu’on fasse du bon usage de cette langue française qui est pourtant notre bien commun le privilège sans partage d’une élite culturelle et sociale ? Car, à chaque fois qu’on révise à la baisse le niveau d’exigence, ce sont ceux des enfants qui ont le plus à attendre de l’Ecole, qui inévitablement en pâtissent le plus, et c’est l’égalité qu’on sacrifie un peu plus.